Apocalypse Beach, roman

par Tanguy Lambert | Sommaire

The Villa

J’adore Bangkok, dans cette moiteur aliénante qui rend dingue, j’avais quand même fini par dénicher mon oasis tropical: The Villa, chambre number One. Cette ville est une tuerie rock’n’roll, épeler avec moi: B – A – N – G – chaos – chaos, la ville des anges désespérés est toujours en alerte canicule et pollution extrême, épuisement désespérément assuré…

Mon ami John tient The Villa avec douceur, il y est né, les portraits encadrés de ses ancêtres sont encore sur les murs, on devine les bonheurs paisibles du royaume de Siam, les bois cirés sont patinés, le petit jardin n’est que fraicheur de bananiers, le ventilateur en cuivre est réglementairement installé au plafond, tout invite à ne plus bouger, ou pas trop…

La plus belle chambre de Bangkok zone ouest, une trappe à rêvasserie quand j’y restais de longues semaines pour étudier le thaï, quatre heures par jour, je savais même dire des trucs bizarres comme kong kong kong kong (le bateau que possédait monsieur Kong), du genre, tu rates un accent tonique et c’est mort, t’as un zéro pointé et la honte éternelle.

Après les cours je m’amusais à traverser la ville en passant par les temples et les ruelles ombragée qui les relient, je chinais les pierres semi-précieuses et les bois sculptés, le jus de canne servant de rafraichissement…

Trois ans pour dénicher MA chambre à deux pas de Khao San Road, la Babylone du routard, derrière les backpackers s’imaginant en un spring break éternel se cachent des enfants occidentaux cramés par trop de drogues à évacuer d’urgence…

Bangkok est un fatras urbain monstrueux, le périph ne fait pas le tour mais passe en plein centre, et deux fois, prendre le bus c’est l’enfer, les taxis boats foncent dans des cloaques pestilentiels. Si Bangkok veut Hidalgo pour tenter quelque chose dans ce désespoir définitif, c’est ok, on vous la prête, elle va parler des brumisateurs des espaces genrés, et d’urgence climatique, ça va plaire…

Le mieux c’est d’aller en tuk-tuk à la fraîche, boire des jus de grenade à China Town… ou une glace à Belleville, ça économise du CO2