Apocalypse Beach, roman

par Tanguy Lambert | Sommaire

Mad Men

Or donc un jour béni des dieux, Mad Men est arrivé sur vos écrans et ma vie a changé. Enfin une série sur mon boulot à moi, et je pouvais alors accélérer les présentations d’usages – Tu fais quoi dans la vie ? – Comme Don Draper, le mec de Mad Men… mais en moins bien sapé… lol… ça assure plus que de répondre « directeur de création », ça cause à personne et on te prend au mieux pour un benêt avec des crayons de couleur qui peut faire un logo en échange d’un verre au comptoir, surtout que j’aime bien bosser un peu comme Don, monter des coups foireux et en rigoler jusqu’à tard dans la nuit, enfumer les concurrents et les doubler sur la ligne d’arrivée, taper les budgets mondiaux ou tomber amoureux dans un couloir…

J’avoue que, les chèques étant alors généreux, je ne détestais pas à l’occasion faire le zouave dans les agences de pubs diverses en y déboulant de préférence agité, mimant l’overdose totale de produits psychoactifs, ou pas, c’est plus drôle… de toute façon dans ces bureaux tout le monde roupille ou presque, autant se la jouer définitivement Las Vegas Parano et faire sauter la banque en pantalon fluo, c’est moins triste. Je connais l’histoire, ils n’attendaient que ça de moi, une explosion de virtuosité vite fait bien fait avant que je reparte fissa pour ma plage au bout du monde…

Dans les bonnes maisons du luxe, une délicieuse directrice devait me canaliser (tu parles… mdr), avec une exception, une perle, une brune à frange plus magique que les autres marchant pieds nus dans les couloirs en robe blanche légère, ça évidemment j’avais craqué total, elle ne pouvait pas trouver mieux pour que je me tienne à carreaux et que je ponde des chef-d’œuvre rien que pour la voir sourire avec les yeux…. celle là je lui cédait tout, et un peu trop, comme faire son boulot à sa place, et la remplacer pour un meeting avec Vogue sous prétexte qu’elle ne parlait pas assez bien anglais et que je saurais mieux faire rêver les new-yorkaises… bref le genre d’embrouilleuse femme fatale envoutante pour qui j’aurais quitté femme et enfants, donc tu termines avec des fleurs, et tu t’éloignes discrètement au plus vite, too dangerous…

En 2006, ma dernière virée en agence fût, je l’avoue un apothéose grandiose en costard marron… j’en rigole encore, eux moins je présume… Top secret, on ne peut pas en dire plus par contrat, c’est ça le luxe, c’est secret…

Quelqu’un à l’adresse d’un bon tailleur à Paris ? Merci…