Métal Hurlant 1985
On ne sait jamais si on a tout réussi ou tout raté d’ailleurs, je ne sais toujours pas, pourtant à trente ans je gagnais deux fois plus que mon père, et normalement on s’en contente, on pose son sac, on fait des gosses et on adopte un chien rigolo. Lors d’une visite dominicale aux parents, l’erreur fatale fut l’annonce de mon salaire… silence total comme si j’avais insulté la Vierge Marie, tout le monde regarde son assiette, ils ne m’adresseront plus la parole de la journée… on dit que les enfants sont ingrats, les parents c’est pire…
Cocktail de Métal Hurlant, j’enfile ma plus belle veste bleue électrique chinée dans une friperie américaine de la rue St-André-des-Arts, je ne m’habille qu’en US vintage, en terrasse je dévore Rolling Stone, Variety et Spin que je trouve au Drugstore, je viens de m’abonner à Canal pour suivre le football américain, c’est la grande époque de Don Marino et de ses bombes à la dernière minute, je roule en V-Twin bricolée, et trop las de démentir, je fini par avouer que Christophe Lambert est mon frère…
…on l’aura compris je prépare avec assiduité mon destin californien, cabane à Big Sur, bungalow à Malibu, ou piscine à San Diego… je finirai directeur de création à Burbank, c’est écrit dans le marbre, un an après j’achetais un billet open pour LA via Tokyo, ah ben non, raté, t’as droit qu’à un duplex à Belleville avec les poubelles qui débordent, les putes et les dealers, bien fait !
J’avais hérité par inadvertance de la direction artistique de Métal et des Humanoïdes Associés, why not, j’en ai bien profité…