Apocalypse Beach, roman

par Tanguy Lambert | Sommaire

Early birds

Longtemps, je me suis levé de bonne heure. C’est encore la nuit – piu-piu-piu – les early birds sortent de la forêt ajoutant des chants aigus aux lignes de basses habituelles des oiseaux de jungle – lrou-rou-rooôu – la brise thermique fait danser les palmes dans des cliquetis souples – chic-clic-chic. La panière en osier est près du feu, tout est prêt, dans un bruit de déchirure – frou-flrou – j’arrache la fibre des cocos qui vient garnir le fond du brasero, un simple seau percé en terre cuite, les morceaux plats de charbon de bois viennent s’y empiler dans un bruit sec et mat – clac-clac – il ne reste plus qu’a exploser une allumette pour écouter le crépitement des bois noircis et de la sève en fusion sous les flammes – scratch-scratch . Quand l’eau trop chaude fait siffler la bouilloire – Triiiiiiiiit – c’est le coup de sifflet du chef de gare qui lance le train de la journée et c’est surtout le doux moment de s’assoir en tailleur et en terrasse pour le café-pancake en attendant l’aurore… les coqs enchaînent, au loin dans la cocoteraie – cock-a-doodle-doo !

Et là, le temps est immobile, totalement, ou c’est toi qui est immobile en train de regarder le temps qui passe…

… dans la vie du voyage il est des jours où plus rien ne presse, mais alors vraiment rien de rien, même en cherchant tu vois pas tout à fait un truc important à faire, ni même un truc pas urgent du tout… le loyer des trois hectares est réglé pour trois ans, le visa est neuf et la banque à l’autre bout de l’île garde le coffre fort. Pas de plan de règlement à payer, pas de to do list ni de facture d’électricité, pas de connerie à réparer… What to do today ?

Aux questions parisiennes répétitives, voire barbantes – Qu’est ce que tu fais là-bas ? – je répondais trop souvent – Je profite de la vie. Oups !