Aux Folies des cadors
Là, je suis aux Folies, rue de Belleville, j’y ai ma table presque réservée et je n’ai qu’à m’asseoir sans mot dire, le garçon m’apporte aussitôt la noisette verre d’eau.
C’est l’heure des habitudes du matin, monsieur Robert à casquette de caïd retiré des bagnoles donne le tempo, il a le regard bienveillant pour tous ces semi-voyous ratés qui n’ont pas pu s’acheter la maison aux Baléares, les années de zonzons et de bastringue ne comptant pas pour la retraite, les Bonny & Clide se contentent du rsa et du HLM bien branque d’en face.
Robert se fritte souvent avec David, un caïd de second rang, c’est à dire un mec pas capable de s’acheter une Audi, tout juste apte à sortir le couteau, un intermédiaire… mais bon, vu le nombre de kilos qui passent par ici, ça fait quand même du chiffre.
Et puis y’a Dédé, limite loque humaine, octogénaire qui se la joue encore car il loue toujours une prostituée chinoise au mois, c’est le grand chic du marlou attardé: elle a sa chambre, fait le ménage, les courses, les amusements et doit accompagner le boss déchu en terrasse comme si c’était son mac. Dédé fait croire qu’il est un caïd, mais non, c’était juste un indic, un mac au bistrot c’est toujours avec deux gagneuses… une seule ça fait tocard.